- RaumaNo
Obsolescence non programmée
Je ne sais pas si c’est par économie, écologie ou si les gens ne se posent même pas la question, mais les objets, immeubles, voitures et autres mobiliers semblent avoir une durée de vie nettement supérieure à la durée de vie moyenne en France. Là où les magasins de luxe de la rue de Grenelle à Paris, mon ancien quartier de bureau, étaient entièrement rénovés tous les 2 ou 3 ans, certaines boutiques ici semblent figées dans les années 70, voire avant. On n’est pas toujours absolument certain que ce soient des commerces d’ailleurs, tellement peu d’effort sont mis dans le merchandising, la vitrine ou les éclairages. On croise des voitures toutes carrées que je n’avais pas vu en circulation depuis ma plus tendre enfance, le genre de voitures que conduisaient mes grands-parents au début des années 80. Je serais bien incapable de vous citer le nom des modèles d’ailleurs, mais c’est souvent un numéro à deux chiffres. J’ai à ce propos lu quelque part que le parc automobile finlandais aurait en moyenne 12 ans d’âge. Un autre exemple : le centre de santé pour enfants de la ville de Rauma.

On se croirait dans le décor d’un film avec Louis de Funès. Quoi qu’il en soit, c’est propre et en à peu près bon état. L’infirmière m’a fait remarquer que le doppler qu’elle utilise pour écouter le cœur du fœtus date de la même époque, mais malgré les bruits parasites, elle a pu enregistrer un nombre correct de battements par minute. J’ignore si elle a déjà demandé à sa hiérarchie d’investir dans un matériel un peu plus pratique d’utilisation. Certains restaurants sont du même acabit, et ce ne sont pas ceux qui me donnent le plus envie… Mais rassurez-vous, je les testerai avant de dire du mal dessus. Le seconde main n’a pas attendu les écolos et les bobos pour exister ici.

Dans les kirppis (brocantes), très répandus en Finlande, certains objets que vous n’oseriez même pas donner à votre pire ennemi sont proposés à la vente : outils rouillés (3€ la hache avec le manche cassé), balai à chiottes 20 ans d’âge (1€), assiettes dépareillées et ébréchées (modèle chatons, fleurs mauves ou petit moulin, à vous de voir) … Certaines « œuvres d’art » atterrissent ici également. 10€ la croûte qui représente l’église de Rauma. Ça doit être un peu vexant pour l’artiste d’atterrir ici, à moins que sa toile se vende un jour ? On a l’impression qu’elles sont ici depuis 30 ans.
Finalement : « à quoi bon dépenser des sommes faramineuses et engendrer des tonnes de déchets pour des objets dernier cri, meubles design et éclairage clinquant tant que ça fonctionne ? » semblent dire les Finlandais. C’est moche, mais ça marche.
