- RaumaNo
Le séjour à la maternité
Dernière mise à jour : 10 sept. 2019
Ça y est, j’ai donné naissance à ma fille dans la plus pure tradition finlandaise, c’est-à-dire dans mon sauna, sans péridural. Une doula finlandaise est venue m’assister dans cette étape importante de ma vie. En guise d’anesthésie, elle m’a fait mordre dans une ceinture en cuir et m’a donné quelques rasades de vodka venant de l’est du pays. Dès que le bébé est sorti, on l’a emmitouflé dans une peau de renne bien épaisse et chaude. C’est un joli poupon de 4,8 kilos, blond aux joues bien rouges.
C’est le scénario que s’imaginaient certaines de mes copines qui m’avaient conseillé de revenir en France pour accoucher, plutôt que de rester dans ce pays de sauvages, adepte du 100% naturel. Rassurez-vous, tout s’est passé normalement dans une maternité plus proche de l’hôtel 5 étoiles que du petit dispensaire de campagne.

Bon, soyons honnêtes, l’option « péridurale » n’arrive qu’en cinquième position dans les possibles anti-douleurs décrits dans la brochure de l'hôpital, après le paracetamol, boire de l’eau, marcher et les mouvements sur le gros ballon.
Le séjour fut des plus agréable à la maternité de Pori, et le room service tout à fait impeccable. On sonne, l’infirmière arrive systématiquement dans les 45 secondes, j’ai chronométré. On nous a presque engueulé parce qu’on ne les appelait pas assez. Elles sont (pas vu de personnel masculin) aux petits soins, même avec le papa. La nuit où le bébé est arrivé, un petit plateau avec des amuse-gueules, du champagne sans alcool et un petit drapeau finlandais lui a été servi pour l’aider à se remettre de ses émotions, le chaton. Elles n’oublient pas la maman pour autant.

Pour nous éviter d’arriver avec une valise trop lourde, absolument tout est fourni et en libre-service dans la chambre : pyjamas et couches pour la maman et le bébé, robe de chambre, pantoufles, serviettes, tétines, thermomètre, coton, savon, et même une sorte d’enceinte en forme de petit coussin pour faire écouter de la musique à son fœtus, enfin je crois. Bref, si vous n’êtes pas trop regardante sur votre look, vous pouvez venir avec votre brosse à dent et votre déodorant.
Nous avons choisi l’option « chambre familiale », c’est-à-dire une suite d’à peu près 50m², avec un vrai lit d’hôpital pour le papa, et non un vague fauteuil en skaï qui colle aux fesses comme c’est souvent le cas en France. Un petit berceau en plastique transparent est aussi installé dans la chambre, mais on me fait comprendre que je devrais garder le bébé un maximum contre moi, contrairement à Paris où on m’avait terrorisé avec les risques du cododo, formellement interdit. Le bébé est d’ailleurs resté vêtu d’une simple couche plusieurs heures, là où on avait couvert ma fille aînée comme un oignon dès son plus jeune âge.
Je parle volontairement du bébé sans employer son prénom, car ici la coutume veut qu’on ne le prénomme qu’au bout de 2 mois. Personne à l’hôpital ni même après ne m’a jamais demandé son prénom, et sur tous ses papiers, elle s’appelle tyttö : « fille ».

J’ai toujours eu une grande admiration pour le personnel hospitalier, c'est l’un des derniers métiers qui a encore du sens à mon avis, et je ne serai jamais capable de l'exercer. De ma petite expérience, les conditions de travail en France m’ont semblé vraiment plus pénibles qu’ici : cadence infernale, moins de budget, plus de bureaucratie etc... En Finlande, je n’ai jamais poireauté dans une salle d’attente plus de 3 minutes, les praticiens semblent avoir des créneaux de rendez-vous d’1 heure et ils avaient à chaque fois eu le temps de potasser mon dossier avant de me recevoir. Je n’ai jamais eu à présenter ni ma carte vitale, ni ma pièce d’identité, et encore moins les fameuses étiquettes d'hôpital. Alors que ce soit à Pori ou à Paris, je vous dis chapeau et merci.